1. Le total des attaques et enlèvements par la LRA augmente en 2014, inversant des années de déclin

RÉSUMÉ En 2014, le total des attaques de la LRA a augmenté de 10% et les enlèvements de 32% en comparaison à 2013.

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Les attaques et enlèvements par la LRA ont diminué chaque année de 2011 à 2013, reflétant la capacité de combat réduite du groupe et la stratégie intentionnelle de Joseph Kony de minimiser les attaques de grande envergure qui attirent l'attention internationale. Cette tendance s'est inversée en 2014, avec les attaques augmentant de 10% et les enlèvements augmentant de 32% par rapport à 2013. Les homicides perpétrés par la LRA, cependant, ont continué à baisser [voir Section 6 pour une analyse plus approfondie].

Malgré la légère hausse de violence en 2014, presque toutes les attaques de la LRA sont restées concentrées sur le pillage des biens de base dont le groupe a besoin pour survivre, une tendance conforme aux dernières années. Les personnes enlevées par la LRA ont été principalement des adultes utilisés pour transporter les biens pillés dans la brousse, et qui se sont ensuite enfuis ou ont été libérés dans les jours suivants. Il y a peu de preuves que la LRA enlève des jeunes enfants afin de reconstruire sa capacité de combat, bien qu'au moins un retourné de captivité de la LRA en 2014 a rapporté que Kony aurait ordonné l'enlèvement de jeunes garçons à cet effet.

Note: Passez votre souris sur les points de données individuels sur le graphique pour voir leur valeur exacte.

2. Les tendances de violence de la LRA ont varié considérablement au niveau local

RÉSUMÉ Les attaques et les enlèvements en 2014 ont augmenté de manière significative dans certaines zones, telles que l'ouest du district du Haut Uélé et l'ouest de Mbomou, et ont considérablement diminué dans d'autres.

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L'augmentation globale des violences de la LRA en 2014 masque des écarts importants à des échelles plus locales. Dans le district du Haut Uélé en République Démocratique du Congo, la LRA a enlevé plus de gens dans les communautés à l'ouest du Parc National de la Garamba en 2014 que ce qu'elle avait enlevé dans cette zone depuis 2011. Les communautés au sud et à l'est du parc n'ont connu que deux attaques dans les 11 premiers mois de 2014, une chute spectaculaire qui peut être liée à la destruction de camps LRA dans le Parc National de la Garamba par les troupes RTF de l'Union Africaine (UA RTF) et les conseillers militaires Américains à la fin de 2013. Toutefois, ces communautés ont vu un pic de 10 attaques de la LRA entre Décembre 2014 et Février 2015.

Des variations similaires ont émergé dans l'est de la République Centrafricaine. Les forces de la LRA ont enlevé 134 personnes dans l'ouest du Haut Kotto en 2013 et aucune en 2014. Dans l'ouest de la préfecture de Mbomou, des groupes de la LRA ont eu des interactions pacifiques avec des civils et n'ont enlevé aucun civil en 2013, mais ont enlevé plus de 100 personnes dans une série de sept attaques de Avril à Julliet 2014.

L'imprévisibilité des attaques de la LRA d'année en année est en partie pourquoi la LRA est capable de déstabiliser un si vaste territoire en dépit de sa capacité de combat réduite. Les agriculteurs sont découragés de procéder à la plantation des cultures dans les zones rurales, même si les attaques de la LRA baissent, sachant qu'elles peuvent augmenter en quelques mois. Pendant ce temps, les groupes humanitaires peuvent réduire les opérations dans une zone seulement pour découvrir que les besoins resurgissent plus tard lorsque les attaques de la LRA augmentent, comme c'est arrivé dans l'ouest du Haut Uélé à la suite de la retraite de plus de la moitié de tous les groupes d'aide internationaux opérant dans la région entre Janvier 2013 et Février 2014.

3. La structure de commandement de la LRA est en plein bouleversement

RÉSUMÉ La LRA a perdu au moins une douzaine d'officiers supérieurs depuis 2012, mais Kony a compensé cette perte par la promotion de jeunes commandants, y compris ses fils.

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Depuis 2012, un nombre important de hauts commandants de la LRA a fait défection, été tué par les UPDF et d'autres forces, ou a été exécuté sur les ordres de Kony. Leur perte, combinée avec des pertes dans les rangs inférieurs de la LRA, constitue une menace majeure sur la capacité de Kony à motiver et contrôler ses combattants restants.

Malgré cela, Kony est un manipulateur de maître qui remanie souvent la hiérarchie de commandement de la LRA pour compenser les pertes au sommet. Il a promu ses deux fils aînés, Ali et Salim, qui ont un rôle clé dans la planification des opérations et dans le suivi des finances et de la logistique de la LRA. Il a également surélevé des jeunes loyalistes qui étaient autrefois ses gardes du corps, tels que Aligac, qui a été promu pour aider à combler le vide laissé quand Okot Odhiambo a été tué en Décembre 2013.

Kony a promu d'autres commandants après qu'ils aient achevé des missions avec succès, y compris Owila, qui a livré environ 50 défenses d'éléphants braconnés du Parc National de la Garamba à Kony à la fin de 2014. Dans certains cas, Kony a même promu des commandants marginalisés et âgés, tels que Alphonse Lamola, qu'il avait placé sous la supervision d'officiers subalternes en 2011. Au début de 2014 Kony a placé Lamola à la tête de plusieurs groupes près de Nzako, RCA, qui avaient été sous la supervision de Samuel Kangul, tué par les troupes Ougandaises en Novembre 2013.

4. La capacité de combat de la LRA baisse (lentement)

RÉSUMÉ 13 combattants masculins Ougandais ont fait défection ou ont été capturés en 2014, réduisant la capacité de base de combat de la LRA à environ 150 combattants et forçant l'intégration continue de personnes enlevées non-Acholi dans les rangs des officiers subalternes de la LRA.

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Kony commandait plus de 2000 combattants durant le pic de la LRA à la fin des années 1990 et au début des années 2000, dont beaucoup armés avec des armes et équipements de communication sophistiqués. En 2008, les opérations militaires, les divisions internes, et défections avaient réduit la force de combat de la LRA à 800. En 2013, 18 combattants masculins Ougandais, qui forment le noyau du groupe, ont fait défection ou ont été capturés. 19 autres ont été confirmés ou présumés morts, la plupart tués par les troupes Ougandaises ou exécutés sur les ordres de Kony. Au total, il restait environ 165 combattants masculins Ougandais dans la LRA à la fin 2013.

Parmi ces 165 combattants Ougandais, au moins 13 ont fait défection ou ont été capturés en 2014, sans décès signalés. Cette réduction est nettement plus faible que les 37 combattants que la LRA a perdu en 2013. Pour compenser les pertes de la LRA, au cours des dernières années Kony a intégré environ 30 à 50 personnes enlevées non-Ougandaises dans les rangs juniors du groupe. Plusieurs de ces combattants enlevés auraient été promu en tant que 2e lieutenant, y compris une femme enlevée du Congo en 2009 et forcée de devenir l'une des épouses de Kony.

*Pas de données disponibles pour 2012

5. La LRA est en train de perdre ses femmes et enfants captifs les plus expérimentés

RÉSUMÉ 127 femmes et enfants qui ont passé au moins six mois en captivité dans la LRA sont rentrés chez eux en 2014, presque le double du nombre en 2013.

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Les officiers supérieurs de la LRA s'appuient fortement sur les femmes et les enfants, dont beaucoup furent enlevés et d'autres nés dans la brousse, pour leur survie au jour le jour. Les femmes et les enfants collectent de la nourriture et de l'eau, cuisinent, portent les possessions de camp en camp, et servent de femmes forcées et de combattants à l'occasion. À la mi-2014, Kony a ordonné la libération de plus de 70 personnes enlevées à long terme dans une communauté reculée du nord du Congo, au même endroit où la LRA avait libéré 28 femmes et enfants en Mars 2013.

Au total, 127 femmes et enfants qui ont passé au moins six mois dans la LRA sont rentrés chez eux en 2014. Ce nombre représente une proportion importante des personnes enlevées à long terme qui ont commencé 2014 en captivité dans la LRA, et est presque le double du nombre de captifs qui sont sortis de captivité en 2013. Leur perte peut permettre aux groupes de la LRA de se déplacer plus vite et à mieux échapper aux forces Ougandaises, mais elle rendra également la vie plus difficile pour les officiers supérieurs de la LRA et peut contribuer à leur désir de faire défection.

6. La LRA utilise des collaborateurs pour son trafic de ressources illicites

RÉSUMÉ En plus des pillages de petites communautés, la LRA acquiert ses biens nécessaires par le trafic illicite d'ivoire, d'or et de diamants avec un réseau de collaborateurs.

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La LRA a remarquablement bien résisté à la pression militaire, en utilisant un réseau sophistiqué de camps et d'itinéraires de ravitaillement pour sillonner les frontières poreuses et forêts reculées qui restreignent les mouvements des troupes Ougandaises et Américaines les poursuivant. Divisés en petits groupes, de nombreux membres de la LRA survivent principalement par le pillage de petites communautés et par l'agriculture et la cueillette lorsque possible.

Certains groupes de la LRA, en particulier ceux dans l'est de la RCA et dans l'enclave du Kafia Kingi qui est contrôlée par le Soudan, obtiennent également des biens nécessaires en commerçant avec des contacts civils et militaires. Dans certains cas, des groupes de la LRA utilisent des civils, souvent menacés par la violence, pour aller dans les marchés locaux et acheter des petits produits. Des déserteurs de la LRA signalent également que les forces Séléka et troupes Soudanaises commercent, ou donnent, périodiquement des biens au groupe rebelle. Les groupes de la LRA échangent également des produits avec les commerçants qui voyagent entre le nord de la RCA, le Kafia Kingi, et le sud du Darfour.

Ces contacts ont été essentiels à une autre stratégie clé de subsistance pour la LRA, le trafic illégal d'ivoire, d'or et diamants. À la mi-2014, un groupe de la LRA a recueilli environ 50 défenses d'ivoire d'éléphants braconnés dans le Parc National de Garamba au Congo. Kony a ordonner à d'autres groupes de piller de l'or et des diamants dans des sites miniers artisanaux à l'est de la RCA. L'ivoire et la majorité de l'or et diamants sont livrés au groupe de Kony, qui opère le long de la frontière entre le nord-est de la RCA, Kafia Kingi, et le Sud Darfour et peut prendre des dispositions pour vendre ou échanger des matériaux illicites à des interlocuteurs militaires et commerçants.

La réduction de meurtre de civils par la LRA, de 1200 en 2009 à 13 en 2014, reflète également l'approche moins agressive du groupe envers sa survie au cours des dernières années. De 2008 à 2010, les combattants de la LRA ont souvent tué des civils en grand nombre comme une tactique pour contrôler leur comportement et même dépeupler certaines zones. Comme l'attention internationale sur la LRA s'est intensifiée et la capacité de combat du groupe a diminué, Kony a donné des ordres pour réduire les meurtres. Au cours des dernières années, des dizaines de victimes de pillages de la LRA ont rapporté que les combattants de la LRA leurs ont dit d'informer les membres de la communauté que la LRA ne veut pas leur faire du mal, mais veut seulement assez de nourriture pour survivre.

7. La LRA et la Séléka ont une relation compliquée

RÉSUMÉ Les forces de la Séléka dans l'est de la RCA ont une relation compliquée avec la LRA, facilitant parfois les défections et donnant parfois des biens à la LRA.

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Le rôle des rebelles Séléka dans la défection du commandant en chef de la LRA Dominic Ongwen était tout simplement le dernier chapitre d'une relation tumultueuse entre les deux groupes. Ils sont d'abord rentrés en contact en 2010, lorsque les forces de la LRA se sont affrontées à plusieurs reprises avec les rebelles de l'UFDR (l'un des groupes qui se sont joints pour former la Séléka) alors que la LRA avancait vers le nord dans l'enclave du Kafia Kingi pour établir un contact avec les troupes Soudanaises.

Après avoir pris le pouvoir par un coup d'état en Mars 2013, les forces Séléka ont subi des pressions pour répondre aux préoccupations communautaires concernant les violences de la LRA dans l'est de la RCA. N'ayant pas la capacité militaire pour vaincre la LRA, des officiers Séléka ont périodiquement rencontré des groupes de la LRA à la fin de 2013 et en 2014, obligeant les collectivités locales à plusieurs reprises à donner de la nourriture aux groupes LRA dans une tentative de décourager les attaques et d'encourager les défections. Des déserteurs de la LRA signalent que, dans certains cas, un tel contact s'est par la suite transformé en relations commerciales fragmentées et opportunistes, avec les forces Séléka donnant des biens de base à la LRA en échange d'or et de diamants pillés dans les sites miniers éloignés.

Des allégations de coopération Séléka-LRA ont contribué aux tensions entre Séléka et troupes Ougandaises qui, dans leur poursuite de la LRA, ont avancé de plus en plus vers l'ouest depuis leur base principale à Obo. En Juin 2014, ces tensions ont culminé lors d'un affrontement entre les deux forces, qui aurait laissé 23 soldats Séléka morts.

8. La LRA n'est pas le seul groupe armé à attaquer les civils

RÉSUMÉ L'augmentation du total des attaques de la LRA et des enlèvements en 2014 a été accompagnée par une augmentation des attaques par des groupes armés non identifiés, en particulier dans le district du Haut Uélé au Congo.

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Le LRA Crisis Tracker rend compte publiquement des statistiques concernant les incidents violents dans les zones touchées par la LRA. Ces incidents peuvent être perpétrés par les forces de la LRA et d'autres acteurs armés non étatiques (voir plus sur notre méthodologie). L'auteur de chaque attaque est classé comme «LRA», «groupe armé non identifié», ou «autre groupe armé».«Groupe armé non identifié» est utilisé pour les attaques dont les sources ne fournissent pas suffisamment de détails pour identifier l'auteur avec précision. Les assaillants dans ces attaques pourraient être des forces de sécurité corrompues, des braconniers, des Mbororos, la LRA, ou un groupe armé différent. «Autre groupe armé» est utilisé pour les attaques où il y a suffisamment de détails pour définitivement identifier l'auteur comme un acteur armé autre que la LRA. Les incidents d'abus contre des civils dans lesquels les forces de sécurité de l'état sont clairement identifiées comme l'auteur sont enregistrés séparément et ne figurent pas dans ces trois catégories.

Au cours des dernières années, la LRA a commencé à attaquer des civils en petits groupes et à enlever et tuer moins de personnes par incident, un modus operandi qui ressemble davantage à celui des bandits, forces de sécurité corrompus, et braconniers. En raison de la difficulté accrue à différencier les auteurs d'attaques dans les zones touchées par la LRA, au cours des trois dernières années les analystes du Crisis Tracker ont de plus en plus souvent classé les auteurs en tant que "groupes armés non identifiés" pour les attaques dans lesquelles les informations sont manquantes ou non-concluantes.

Dans les zones du Haut Uélé touchées par la LRA, 46% de toutes les attaques enregistrées en 2014 par le Crisis Tracker ont été classées comme des attaques de la LRA, ce qui constitue une baisse par rapport au 60% en 2013 et 69% en 2012. Même si les attaques de la LRA dans le Haut Uélé représente une proportion plus faible en 2014 pour cette zone, le Crisis Tracker a tout de même signalé plus d'attaques de la LRA dans cette zone que en 2013 et 2012. Il y a aussi eu une augmentation des attaques par des groupes armés non identifiés et d'autres groupes armés, indiquant une augmentation globale de 32% des attaques en 2014 par rapport à 2013.

Contexte & Contributeurs

Les données publiées dans ce rapport ont été collectées grâce au Moniteur de la crise de la LRA d’Invisible Children et de Resolve, une base de données en géolocalisation (et projet d’information) qui vise à tracer les incidents conflictuels violents dans les zones d’Afrique centrale affectées par l’armée de résistance du seigneur (LRA).Via la publication de rapports réguliers et le partage ouvert des données collectées, le Moniteur de la crise de la LRA cherche à aider à surmonter le déficit actuel en informations fiables et actualisées relatives à la crise de la LRA et à soutenir une politique améliorée et des réponses humanitaires adéquates à la crise.

Afin de renforcer continuellement l’ensemble des données du Moniteur de la crise de la LRA, Resolve et Invisible Children recherchent de nouvelles sources d’informations actuelles ou historiques sur les activités de la LRA. Pour fournir des informations au projet « Moniteur de la crise de la LRA », merci de contacter Resolve à l’adresse [email protected].

The Resolve LRA Crisis Initiative

Paul Ronan, Co-founder and Project Director [Author]

Kenneth Transier, Project Manager [Design and development]

Invisible Children

Sean Poole, Counter-LRA Programs Manager

Saskia Rotshuizen, LRA Crisis Tracker Database Manager [Data analysis and English–French translation]

Jean de Dieu Kandape, Project Manager, DRC

Ferdinand Zangapayda, Early Warning Network Assistant Project Manager, CDJP

Joseph Bowo, Early Warning Network Assistant Project Manager, CAR

Lisa Dougan, Central Africa Programs Manager & Policy Advisor

Pauline Zerla, CAR Project Officer

Oren Jusu, DRC Project Coordinator

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